Une fausse information qui fait des ravages
Avez-vous entendu dire que, dans la communication orale, 7% seulement du message passe par les mots alors que la voix compte pour 38% et le langage corporel pour 55% ? Je vous l’accorde, c’est moins grave que de croire que la terre est plate. N’empêche que cette fausse information sur la communication orale, colportée dans certains ouvrages spécialisés, fait des ravages.
En réalité, ces chiffres, dus aux travaux du psychologue américain Albert Mehrabian, ont été sortis de leur contexte et interprétés de façon absurde – Ted Anderson, directeur de Tedx, l’explique très bien dans son livre Parler en public. En réalité, les études de Mehrabian portaient exclusivement sur l’expression des sentiments : si vous dites « C’est bien ! » avec des gestes agressifs, votre interlocuteur n’y croira pas – on s’en doutait un peu. Donc, non, le langage non-verbal et la voix ne priment pas sur le reste : dans mes formations, je fais d’ailleurs le choix d’insister aussi sur la préparation du contenu.
Notre visage et notre corps parlent
Bien sûr, il est vrai que notre visage et notre corps parlent. On a tous vu cent fois la scène du suspect scruté à travers une glace sans tain. Et on se souvient de l’interview du malheureux Clinton après la malheureuse affaire Monica Lewinsky : les experts en communication ont compté qu’il s’était touché le nez 26 fois ! Par un phénomène inconscient autant qu’étrange, il paraît en effet qu’on se touche le nez quand on ment. Mais, a priori, vous n’avez pas à proférer de mensonge aussi énorme que l’ancien président des Etats-Unis. Et, si c’est le cas, vous n’aurez pas un bataillon d’experts pour visionner à l’infini votre prestation et scruter, interpréter, décompter, décrypter, commenter avec acharnement chacun de vos gestes.
Vous ne me croyez pas ? Regardez des extraits de conférences Ted sans le son : vous verrez que les gestes « parasites », comme tripoter ses boucles d’oreille ou ses lunettes, ou encore se « savonner » les mains ou croiser les bras, ne manquent pas. Au passage, amusez-vous à deviner la nationalité des intervenants. Vous verrez que le langage non verbal a aussi une forte dimension culturelle. En réalité, les règles à suivre sur le langage non verbal sont peu nombreuses – mais pas si faciles à appliquer.
Tout d’abord, le regard. Indispensable pour établir un échange avec votre auditoire : nécessité absolue, donc. En évitant le style « arrosage automatique », où l’on balaye l’assemblée sans jamais s’arrêter sur personne. Ensuite, le sourire. Il n’est pas forcément spontané quand on est stressé, mais forcez-vous un peu : l’auditoire n’y verra que du feu ! Mieux encore, la plupart des gens vous rendront votre sourire : vous voilà maintenant chargé de bonnes ondes. Maintenant, la posture. Objectif : se tenir droit et bien ancré dans le sol – on a parfois tendance à se tortiller ou danser d’un pied sur l’autre. Enfin, les gestes. Si vos bras vous encombrent, dans les premières secondes, il y a des astuces à tester : tenir un cahier ou un stylo (qui ne clique pas !), poser la main sur une table ou un pupitre. En général, quand on est lancé, les bras se libèrent et tout devient facile.
Rien de sorcier, vous voyez : il suffit d’un peu d’entraînement !